Figure aussi discrète qu’originale de la musique contemporaine, fort éloigné des chapelles les plus en vue, François Fayt a toujours cultivé un style très personnel, où le lyrisme et l’émotion ont toute leur part.
Né le 18 février 1946 à Argences dans le Calvados, il a commencé ses études musicales au conservatoire de Versailles, puis à l'École normale de musique de Paris. Il a ensuite suivi des cours de perfectionnement au piano auprès de Marcel Ciampi et d’Aldo Ciccolini, puis étudié la composition auprès d'Eugene Kurtz, professeur à l'université du Michigan et de New York.
En 1984, sa rencontre avec Marcel Maréchal, alors directeur du Théâtre national de Marseille La Criée, lui permettra d'écrire de nombreuses musiques de scène, notamment pour le Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées, ainsi qu'un premier opéra, l'Arbre de mai, créé en 1993 dans une mise en scène de Pierre Constant, avec des décors de Roberto Platé et placé sous la direction de Frédéric Chaslin.
En 2014 son opéra Le Sang Noir (Das Schwarze Blut ) fut créé à l’Opéra d’Erfurt et redonné à nombreuses reprises avec un succès non démenti.
Enfin, mentionnons la création en juin 2023 à Kyoto de « Sotoba Komashi », tiré d’une pièce de Mishima.
Dans le répertoire de la musique sacrée, François Fayt a composé entre autres un Requiem, un Évangile selon Saint Jean, ainsi qu'un Stabat Mater (création le 9 juillet 2009 au festival de Saint Riquier sous la direction de Jean-Paul Penin).
François Fayt ne s’est intéressé qu’assez tardivement à la musique de chambre, suite à des rencontres diverses.
Epilogue pour violon et piano a ainsi été commandé par Jean-Marc Luisada et Svetlin Roussev, et créé en 2008 au festival d’Horrues en Belgique.
Par son lyrisme intense et l’émotion qu’elle dégage, cette pièce est très représentative du style du compositeur.
Achevé à Arbon en juillet 2001, Ellison's Quatuor fut créé en 2004 au festival l'Été Musical d'Horrues par le Brussels String Quartet.
Voici ce qu’en dit le compositeur :
Ce quatuor m'a été commandé par un ami, le mathématicien Anglais William Ellison, en hommage à son épouse décédée, excellente pianiste amateur. Une seule exigence : sa femme adorait une vieille ballade Irlandaise qu'il n'a pas pu retrouver. Il m'a donc demandé d'incorporer une chanson « dans le style irlandais », ce que j’ai fait à ma façon plus proche de Brive-la-Gaillarde que de Dublin, si bien qu’on entend par deux fois un petit air bien tonal ! Sinon il y a trois thèmes qui se promènent tout au long du morceau, avec un premier violon prédominant, qui « délire » dans toute la 2ème partie. Le premier violon du Brussels String Quartet Philippe Koch voyait ce quatuor comme un concerto pour violon, et m’en a même demandé une transcription pour violon et orchestre à cordes, qui a été réalisée par un ami chef d'orchestre. Personnellement je préfère la version plus équilibrée du quatuor à cordes.
Il a été rejoué en novembre 2019 à Nancy par le Quatuor Stanislas, qui sera le dédicataire du quintette à cordes, créé le 9 novembre 2021 à l’auditorium du Conservatoire régional du Grand Nancy.
Conçu pour 3 violons alto et violoncelle, ce quintette a été composé au début de 2021, pendant une période de confinement propice à l’écriture.
« Pourquoi 3 violons? Tout simplement parce que j'ai toujours eu un faible pour les closters de trois sons, et seuls trois violons pouvaient m'apporter une homogénéité de sons parfaite. Ce Quintette flirte avec la tonalité jusqu'à tomber carrément dedans à la fin, en citant un requiem que j'avais écrit autrefois et qui se terminait par une voix d'enfant chantant le « Libera me ».
Le quintette pour piano et cordes est une œuvre commandée par Jean-Marc Luisada et l’Australian String Quartet à l’occasion des fêtes du changement de millénaire à Sydney en 2000, et dont la création n’a malheureusement pas pu avoir lieu à l’époque suite à la dissolution du quatuor commanditaire. C’est donc Caroline Sageman et le Quatuor Stanislas qui en ont assuré la création à Nancy le 4 avril 2022.
La plus vaste des œuvres présentées sur ce CD, ce quintette alterne de longues séquences dédiées aux cordes seules, d’un lyrisme le plus souvent contenu, formant un contraste saisissant avec des séquences pianistiques beaucoup plus tourmentées, presque véhémentes.